Avignon : Daniel Tammet, génie, autiste et modeste

Avignon : Daniel Tammet, génie, autiste et modeste

Résident d'Avignon, cet autiste anglais, qui sort son deuxième livre, est l'un des 100 génies de la planète

Les droits de son premier livre, "Je suis né un jour bleu", ont été achetés pour le cinéma par la Warner Bross. À moyen terme, Daniel Tammet pense écrire un roman.

La capitale du Vaucluse, abrite un génie. Daniel Tammet, un londonien de 30 ans, vit depuis l'été dernier dans la cité des Papes "pour le cadre, le soleil et le TGV". Mais ce jeune homme à l'apparente fragilité se démarque de ses 94 000 voisins. Et pour cause : en 2007, Daniel Tammet a été élu l'un des 100 génies vivants du monde par une nuria d'experts internationaux.

Autiste atteint du syndrome d'Asperger (dit aussi l'autisme de haut niveau), il truste actuellement les plateaux télé pour promouvoir son nouveau livre, "Embrasser le ciel immense" (les Arènes). Il faut dire que le précédent, "Je suis né un jour bleu", s'est écoulé à 600000 exemplaires, a été traduit en 18 langues et bientôt en indonésien. Un "bon client" pour les Ardisson, JT de France 2 et aujourd'hui France 5 (Le magazine de la santé) car ce jeune trentenaire est un virtuose du calcul et de la mémoire.

En 2004, à Oxford, Daniel a délivré, en public, les 22 514 décimales du nombre Pi. À partir de votre date de naissance, il est capable de vous dire quel jour de la semaine vous êtes né. Et il a appris l'islandais en quatre jours seulement. Mais ce gaillard aux faux airs d'étudiant nonchalant, réfute tout rôle sociétal de singe savant. "Je suis humain, je ne suis pas un robot. Ce qui est surtout intéressant, c'est de raconter que le cerveau n'est pas figé, que nous devons tous être plus intuitifs avec les chiffres ou les langues étrangères, et que la rencontre est plus forte que les livres."

Un anti Rain Man, en quelque sorte, lui qui, loin de toute démonstration à visée spectaculaire, s'attache à décrypter de l'intérieur. "Dans mon premier livre, j'ai voulu montrer l'humanité des autistes. Dans celui-ci, mon but était de raconter leur potentiel. Car d'habitude, ce sont des discours de scientifiques vus de l'extérieur", explique t-il avec un calme qui confine à la placidité. "Pour moi, les mots et les nombres ont des formes, des couleurs, des textures. Mais je suis incapable de me souvenir des visages, même ceux de ma famille, parce qu'un visage, ça bouge tout le temps."

Il est assis là, en terrasse, à côté de son compagnon, le photographe Jérôme Tabet. Daniel Tammet, ancien autiste déboussolé ("Enfant, à Londres, je ne jouais pas avec mes camarades"), s'exprime en français avec une facilité déconcertante. "Je me perfectionne grâce à Ségolène Royal. Elle est claire quand elle parle, elle articule parfaitement. Elle pourrait très bien être enseignante si elle perd encore aux prochaines élections" dit-il sans "bravitude" aucune.

A son actif, une dizaine de langues maîtrisée (le pape n'a qu'à bien se tenir). "Pour mes 30 ans, j'ai reçu en cadeau "Tintin et le temple du soleil" en provençal. J'ai vraiment envie d'apprendre cette langue." Saperlipopette, Tammet, damned !