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Vers une mer vidée de ses poissons ?

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Vers une mer vidée de ses poissons ? Empty Vers une mer vidée de ses poissons ?

Message  MARMARA Lun 23 Mar - 13:19

Vers une mer vidée de ses poissons ?
Les effets combinés de la surpêche et du réchauffement climatique pourraient conduire à la fin de cette activité en 2048... C'est cette perspective très inquiétante qui vient d'être présentée à Marseille par le Canadien Daniel Pauly, directeur du Centre des pêches de l'Université Colombie Britannique, à Vancouver, et le Français Philippe Cury, directeur du Centre de recherche halieutique méditerranéenne et tropicale, à Sète; deux éminents chercheurs invités de l'Institut de recherche pour le développement (IRD).

"Nous allons vers un monde invivable, avec une mer transformée en immense soupe d'algues. C'est un retour au précambrien, c'est-à-dire à 500 millions d'années en arrière. Conséquence : dans 30 à 50 ans, nous n'aurons plus que des méduses à manger. J'en ai goûté. C'est assez spécial. Mais de toute façon, nous n'aurons pas le choix..."

L'humour très anglo-saxon de Daniel Pauly n'en traduit pas moins une inquiétante réalité. Toutes les études sérieuses conduisent à la même conclusion : la mer et ses poissons sont en grand danger. D'autant que les chiffres officiels de la pêche dans le monde ont du mal à évaluer le nombre de prises illégales ou non répertoriées; prises qui atteindraient selon lui 120 à 140 millions de tonnes. De même, les rejets à la mer représenteraient chaque année 27 millions de tonnes.

Et le chercheur canadien d'expliquer que si dans les pays riches, personne ne rend vraiment compte qu'il n'y a déjà plus de poisson, c'est parce que ces pays ont les moyens financiers de les faire venir de très loin, là où il en reste encore. "Nous sommes dans la situation de quelqu'un qui tombe du 13e étage et qui en passant devant le 7e, se dit que jusque-là, tout va bien"...

Le tableau que dresse son confrère Philippe Cury n'est pas moins catastrophique.

"En 1965, on pêchait chaque année environ 10 millions de tonnes de sardines au nord du golfe de Bengale. L'an dernier, lors d'une campagne scientifique visant à évaluer le stock, les chercheurs en ont sorti deux de l'eau; non pas deux tonnes, mais deux sardines..."

De même, les stocks de moules de Mer du Nord se sont effondrés en un demi siècle, passant de 250 millions de tonnes en 1960 à 40 millions en 2009. Quant à la morue de Terre Neuve, sa pêche a été fermée en 1992 faute de poisson; dix-sept ans plus tard, l'espèce n'a toujours pas réapparu...

"Dans un stock dégradé, les fluctuations environnementales ont un impact encore plus grand, explique Philippe Cury. Les gros poissons disparaissent au profit des petits, ce qui bouleverse tout l'écosystème".

"Le climat modifie la répartition des espèces, confirme Daniel Pauly. Les pôles vont être envahis par les espèces des zones tempérées. Les pays du sud seront donc les grand perdants des changements climatiques. En revanche, d'autres vont y gagner comme la Norvège". Mais pour combien de temps?

"Si on projette les tendances lourdes actuelles, on arrête la pêche dans le monde en 2048", lâche Philippe Cury, reprenant à son compte un article publié en 2006 dans la fameuse revue Science. Ce qui pose une question de fond : allons nous vers une mer sans poissons ?

Et de préciser : "Sur terre, personne n'envisagerait d'organiser des campagnes de chasse industrielle en utilisant des engins de guerre. Et bien la pêche en mer, actuellement, c'est exactement cela. A moins que l'homme ne domestique la mer pour y pratiquer l'équivalent de l'élevage terrestre".

Pour Daniel Pauly, il est impératif d'étendre au plus vite les aires marines protégées. "Certes, leur surface augmente régulièrement mais elles ne couvrent actuellement que 0,8% de la surface des océans. Pour qu'elles atteignent 10%, il faudra attendre 2045. On peut espérer 20% en 2074 et 30% en 2082..."

Le chercheur canadien estime aussi que la pêche artisanale, comme les "petits métiers" provençaux, devrait être soutenue, favorisée et mieux subventionnée que la pêche industrielle. "Cette pêche n'a que des avantages: elle consomme peu d'énergie, utilise des engins passifs, ne rejette quasiment rien et travaille à proximité du consommateur".

Quant à Philippe Cury, il dresse la liste des cinq mesures qui permettront peut être d'inverser la tendance :

"Il faut rétablir le dialogue entre les pêcheurs et les scientifiques, construire une politique de décision qui concilie exploitation et préservation, faire des pêcheurs les acteurs d'une pêche responsable, donner les moyens aux pouvoirs publics d'exercer toutes leurs prérogatrives, ce qui suppose notamment de former les élites aux questions environnementales, et enfin, aider les citoyens à être plus responsables, c'est-à-dire mieux informés".

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