Fréjus : Mario Ferreri, l'un des derniers grands maîtres lithographes

Fréjus : Mario Ferreri, l'un des derniers grands maîtres lithographes

Mario Ferreri, d'origine italienne, possède un atelier à Fréjus. Il respire la passion et l'enthousiasme pour ce moyen de reproduction artistique qu'est la lithographie.

«Je suis un artisan, au service des artistes. Mais je pense avoir une âme d'artiste... » A 50 ans, la lithographie semble conserver une éternelle jeunesse à Mario Ferreri. Dans son atelier de Fréjus, il respire la passion et l'enthousiasme de ses 20 ans pour ce formidable moyen de reproduction. Il y prépare actuellement son jubilé, soit 33 ans d'exercice derrière le grainoir et la presse à bras.

Des encres, d'épais papiers, des crayons gras numérotés de un à cinq. Et puis ces pierres qui font toute l'histoire et le coeur de la lithographie. L'homme, d'origine italienne, est quasiment né dedans puisqu'il avait à peine seize ans, lorsque son frère, lithographe lui aussi, l'enjoint de venir se tester durant les vacances. « J'avais toujours dessiné et j'ai trouvé ça fascinant. J'ai su immédiatement que la lithographie était pour moi et que j'y consacrerais ma vie. »

Cette vie aura été celle d'un apprenti au sud de Paris consistant à apprendre en écoutant, mais aussi en balayant, rangeant et sortant les poubelles... « Puis j'ai appris à faire la gomme arabique et le grainage des pierres. » Apprentissage ensuite des différentes techniques de dessins et des petits secrets des maîtres.

De fil en aiguille et d'ateliers en galeries, Mario Ferreri crée l'Atelier Impression en l'an 2000 à Fréjus « où je vais pouvoir tirer le meilleur de mes multiples expériences. Deux orientations sont essentielles : d'abord, recréer l'ambiance des ateliers où je suis passé, enrichi du contact avec les artistes, de l'exaltation créatrice et de l'enthousiasme d'une recherche en commun. Mais aussi, et tout autant, transmettre mon savoir, susciter cette passion chez les jeunes ».

Transmettre la fibre aux jeunes

La lithographie, à ses yeux, est en effet un patrimoine culturel qu'il faut transmettre aux générations d'aujourd'hui et de demain.

C'est dans cette optique que Mario veut donner une nouvelle orientation à sa carrière en se consacrant beaucoup plus à l'enseignement. Il travaille actuellement, soutenu par le sénateur-maire Elie Brun, à ouvrir une école de lithographie d'art à Fréjus afin de transmettre son savoir. En partenariat avec des écoles d'art, il donnera des cours afin de former de futurs enseignants dans cette discipline qui semble décliner, en ces heures sombres pour la culture. L'argent manque mais la lithographie est aussi la victime de l'évolution des techniques d'impression, l'offset, le giclé ou le numérique. Et, c'est ainsi que ne restent en France qu'une dizaine d'ateliers et seulement quatre professionnels du niveau de Mario Ferreri.

Or, les exclamations d'admiration et d'enthousiasme entendus à chaque démonstration dans les écoles ou salons prouvent combien cette technique artistique a encore et toujours de l'avenir. Voir travailler Mario, c'est mieux comprendre le fruit de l'émotion. D'abord le grainoir, deux pierres que l'on ponce avec du sable et de l'eau. Puis le dessin sur la pierre avec un crayon gras à base de savon, de cire et de noir de fumée. L'artiste laisse sécher avant de fixer le dessin et d'en enlever toutes les impuretés. Il cale alors la pierre sur la presse et imprime la feuille. Une pierre par couleur avant de découvrir le résultat final... Coup d'oeil et de main, méticulosité sont les maîtres mots... avant de réaliser de véritables oeuvres telles que les reproductions de Lautrec, Dali, Matisse, Egon Schiele, (« j'ai vécu un an avec lui jour et nuit », se souvient l'artisan) ou plus simplement des affiches ou estampes plus accessibles à toutes les bourses.

Braque disait : « La pierre vous rend ce que vous lui avez donné sous forme de baiser. » Pas étonnant que Mario Ferreri aspire aujourd'hui à ce la jeunesse embrasse sa passion.

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